Les autoroutes la nuit sont BELLES COMME LA VIE: pleines de lumières qui brillent,
super balisées, visibilité nulle à plus de 20 secondes, impossible de faire demi-tour avant la prochaine sortie.

Depuis 1992
je prends des photos en voiture.
Je ne conduis pas, mais j’aime rouler. J’aime ces espaces de temps entre deux points géographiques. Je savoure ces milliards d’images qui se succèdent à grande vitesse. Paysages traversés, à peine vus et déjà disparus, encadrés d’ambiances climatiques chargées des humeurs de la terre. C’est cette émotion ressentie que je tente de restaurer à travers ce travail sans stabilité ou lumière de studio. Un souvenir de l’instant de voyage.

Lever de soleil sur la voie Expresse entre quimper et Nantes - 1 novembre 2014

En assistant au du lever du soleil sur la voie express N165, entre Quimper et Nantes, une puissante impression d’existence m’envahissait. Cet astre vivant me rendait fier d’appartenir au monde, à ce monde de la couleur qu’il célèbre tous les matins. Même si ce foutu soleil d’automne tentait de me rendre aveugle, la subtilité des teintes de l’aurore variait à chaque millième de seconde, L’ombre et la lumière se battaient dans la brume. Nous roulions à contre jour et j’essayais comme toujours de capturer des impressions de voyage, ces instants à défilement rapide, éphémères et fabuleux que l’esprit et les sens engrangent  lorsque l’on se déplace à grande vitesse. Cette invraisemblable impression de « pénétrer » l’éther, le temps et la matière. Les routes sont femelles à mon sens, à mes sens. Les effluves, les haleines et souffles, les émanations des couleurs vibrant dans les gaz, les textures de contact sous la gomme, le galbe des courbes gainées de sombre, la sensualité reptilienne du déplacement, tout cela, crée l’identité typique de la route. Les latitudes, les saisons et les intempéries dotent leurs tempéraments et leurs sensualités. Je suis amoureux des routes, ou plutôt je suis charmé par leurs diversités séductrices. Je ne peux m’empêcher de comparer ces petits véhicules qui coursent l’espace à des spermatozoïdes concourant pour le Graal sur une voie toute tracée…

Samedi 1er Novembre, c’était un beau matin du monde sur La N165. Voilà quelques millièmes de seconde de ces moments précieux à mes yeux.

 Je ne comprends vraiment pas ceux qui se pâment devant des photos en noir et blanc.